Rachat de FitBit par Google : autorisation de la Commission sous conditions

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Suite à une décision adoptée le 17 décembre 2020 autorisant le géant Google à prendre le contrôle exclusif de la société Fitbit (fabricant et distribuant des appareils de technologie portable comme des montres ou bracelets intelligents de fitness), la Commission publia le 11 mai 2021 ladite autorisation de rachat.

Bien qu’ayant été in fine validée, la Commission européenne a souligné sa crainte que le rachat, augmentant considérablement les volumes de données, notamment de santé, détenus par Google, n’engendre des distorsions de concurrence malgré les engagement pris par la société.

Les enjeux sont multiples :

Le marché de la publicité en ligne

Un tel rachat pourrait, selon la Commission, accroître l’avantage, en termes de données dont la société dispose, pour la personnalisation des publicités qu’elle propose sur son moteur de recherche.

En effet, en rachetant Fitbit, Google acquiert non seulement la base de données gérée par Fitbit relatives à la santé et la forme physique des utilisateurs, mais également les technologies permettant de développer une base de données similaires à celle de Fitbit.

Une telle opération créerait finalement des barrières à l’entrée.

Les effets verticaux de l’opération

De plus, l’opération pourrait permettre à Google d’interrompre l’accès à l’API web (soit l’interface de programmation de l’application) de Fitbit ou alors, fournir un accès à des conditions bien moins favorables. En effet, actuellement, un certain nombre d’acteurs peuvent accéder à des données de santé mises à disposition par Fitbit via cette API web, tout en permettant à Fitbit d’obtenir leurs données en échange.

Des risques verticaux peuvent également tenir en l’interopérabilité des appareils portables avec Android. Google pourrait en effet, selon la Commission, être incitée à désavantager les fabricants concurrents en réduisant leur interopérabilité avec les smartphones Android.

Ces techniques auraient pour conséquence directe le verrouillage du marché.

Les engagements pris par Google

En matière de publicité, la société s’est engagée à créer de silos de données. Les données des montres connectées seraient stockées et traitées à part et ne seraient pas utilisées à des fins de perfectionnement des outils publicitaires. Google veillera également, à ce titre, à ce que les utilisateurs de l’EEE aient le choix d’autoriser ou non, que leurs données de santé stockées au sein de leur profil d’utilisateur Google ou Fitbit soient utilisées par d’autres services Google.

S’agissant cette fois-ci de l’accès à l’API web, Google maintiendrait la possibilité d’accéder aux données via l’API web et ce sans aucun frais.

La durée de ces engagements est de dix ans et pourra être prolongée, notamment en ce qui concerne la publicité en ligne.

Au terme de son analyse, la Commission a finalement estimé que l’opération n’était pas susceptible d’entraver de manière significative la concurrence effective sur le marché des dispositifs portables portés, le secteur des services de santé numériques étant encore peu réglementé en Europe et Fitbit possédant une communauté d’utilisateurs limitée.

Par Cynthia Picart et Laurane Farrugia


06/06/21

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